Dans les souliers d’Eddy Toussaint

Avec plus de 60 années d'expérience dans le ballet, le chorégraphe haïtien
Eddy Toussaint partage le parcours de sa passion qu'est la danse.

LE TOUT DÉBUT

Le chorégraphe de ballet Eddy Toussaint a contribué au développement de la scène du ballet au Canada, plus particulièrement au Québec. Avec plusieurs années d'expérience à son actif, il prend le temps d'enseigner et de transmettre ses connaissances aux futurs danseurs. «J’ai toujours préféré chorégraphier que de danser sur scène,» a révélé Toussaint, tout en mentionnant que son expérience en tant que jeune danseur reste un élément important face à son développement en tant que chorégraphe.

En effet, la relation de Toussaint avec le ballet a commencé à l’âge de six ans au début des années 50 à Port-au-Prince, Haïti. Le jeune Eddy a grandi dans une famille d'artistes - tous ses frères et sœurs ont initialement suivi des cours de ballet. Cependant, il a été le seul à continuer à danser et à poursuivre dans cette voie.

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Durant les premières années de son enfance, le danseur est allé à l'école Nationale de danse d’Haïti, dirigée par Lavinia Williams, danseuse afro-américaine et fondatrice de nombreuses écoles de danse dans plusieurs îles des Caraïbes. Toussaint se souvient très bien de la toute première fois qu'il a vu une danseuse interpréter la mort du cygne – une danse solo inspirée des derniers moments de l'oiseau mourant. Il n'avait jamais rien vu de tel – le corps de la ballerine se changeant en animal sous ses yeux. 

«J'ai été complètement subjugué» a déclaré le chorégraphe.

Au cours de cette performance, Toussaint était accompagné de sa mère qui a prononcé des mots qui l’on marqués à jamais: « C'est ça la chorégraphie: c’est de pouvoir transformer le corps humain en ce que l’on veut dire », a-t-il expliqué.

«Et je pense que c’est à partir de ce moment que je suis devenu chorégraphe», a ajouté Toussaint.

UNE CARRIÈRE ET UNE PASSION

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À 75 ans, Eddy Toussaint possède des expériences dites internationales de danse. C’est aux côtés des danseuses de ballet Eva Von Gencsy et Geneviève Salbaing qu’il lance en 1972 ce que nous connaissons aujourd'hui comme étant Les Ballets Jazz de Montréal. Il y a enseigné pendant de nombreuses années et a contribué à lancer la carrière de nombreux danseurs de ballet à succès, tels que Jean-Marc Lebeau, Sophie Bissonnette, Anik Bissonnette qui a été la danseuse principale des Grands Ballets Canadiens de 1990 à 2006. Louis Robitaille, vedette de plusieurs productions télévisées avec le Ballet de Montréal Eddy Toussaint, il danse dans Night Magic, un film réalisé par Lewis Furey. Ces danseurs ont fait également partie de la première génération de danseurs du Ballet Eddy Toussaint, une compagnie fondée par Toussaint en 1975. Elle a rouvert par la suite en 2009 et est maintenant située à Laval où l’on enseigne à 250 élèves.

À la lumière de ses nombreuses réalisation, il est possible d’affirmer que le ballet reste son ultime passion pour Toussaint. «Le ballet est à la danse ce que la gamme est à la musique,» dit-il en décrivant le ballet comme étant le désir de transmettre différentes émotions en utilisant le corps. Il explique que le ballet est complexe et qu’il nécessite de constamment travailler le corps pour perfectionner les mouvements, cela peut prendre jusqu'à huit ans.

Inspiré par le folklore haïtien et le désir de produire des chorégraphies uniques, Toussaint n’a jamais eu peur d’explorer sans jamais se limiter aux traditions de la danse.

Maintenant, Toussaint estime que les danses classiques et folkloriques ont évolué et changé de manière significative au fil des ans. Il décrit le ballet comme étant plus « éclairé et intelligent » qu'il ne l'était il y a 40 ans. Pour cette raison, il pense qu’il est important de mettre en valeur la jeunesse québécoise et la nouvelle génération de danseurs. Il mentionne le nom de plusieurs danseurs du Ballet Eddy Toussaint tel que: Timothy Tompkins, Catherine Simard, Alicia Najera-Huot, Sophie Séguin, Paola Bergeron, Matis Désormeau et Aymeric Marchand.

Ce que le chorégraphe appelle une passion est aussi une éducation constante à ses yeux. « Elle est [ballet] la meilleure éducation pour moi. Ça oblige le corps et l’esprit à suivre sa classe de ballet une fois par jour. Que vous ayez de la fièvre ou que vous soyez malade, le ballet vous donne une discipline », a déclaré Le chorégraphe. 

ET MAINTENANT

Malgré l'année difficile et contraignante provoquée par la pandémie, Toussaint a encore en tête de nombreux projets et de futures chorégraphies. Pour l'instant, il attend patiemment, refusant l'idée de réinventer ses chorégraphies en les diffusant en ligne. Pour lui, certaines choses ne devraient jamais changer et cela inclut la présence d’un public lorsque les danseurs performent. 

«J’ai grand espoir que tout va rentrer dans l’ordre, car l'art est une nécessité pour l'être humain,» a déclaré Toussaint.

Il espère que d'ici décembre 2022, la pandémie se sera calmée, lui permettant ainsi de continuer à transmettre sa passion aux jeunes danseurs sous son aile. 

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